La tomate française : entre terroirs, serres et innovation.
- Sébastien
- 3 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 juin
Rouge, juteuse, parfumée… La tomate fait partie de notre quotidien. Mais que sait-on vraiment de sa production en France ? Lorsqu’on gratte un peu la peau brillante de ce fruit-légume, on découvre un monde agricole en pleine mutation, à la croisée des savoir-faire traditionnels et des technologies les plus pointues.
Où pousse la tomate française ?
En France, la tomate est cultivée principalement dans quatre grandes zones :
Sud-Est (PACA, Gard, Vaucluse)
Sud-Ouest (Nouvelle-Aquitaine)
Bretagne (Finistère, Morbihan)
Pays de la Loire
Ce sont souvent des zones avec un bon ensoleillement ou, à défaut, un fort savoir-faire en production sous abri. En effet, 90% des tomates françaises sont cultivées sous serre.
Serres, hors-sol, bio : une diversité de pratiques
La production se répartit entre différentes techniques, adaptées aux exigences de qualité, de régularité et de traçabilité :
Production hors-sol sous serre chauffée : très présente en Bretagne ou dans le Sud-Ouest. Les plantes sont cultivées sur substrat (laine de roche, fibre de coco, etc.), nourries par fertirrigation. Cela permet un contrôle précis de l’environnement, une meilleure maîtrise sanitaire et une production précoce.
Serre froide ou non chauffée, souvent en bio, avec culture en sol naturel. Cela implique des rendements moindres, mais une valorisation plus forte.
Pleine terre traditionnelle, plus rare, surtout en circuits courts ou en maraîchage diversifié. Très saisonnier.
Le bio progresse, mais reste minoritaire (environ 10 à 15% de la production nationale). L’enjeu est de conjuguer qualité gustative, performance agronomique et exigence environnementale. Les efforts sont notables : réduction des intrants, lutte biologique intégrée, recyclage de l’eau, énergie renouvelable dans les serres…
Des volumes et des chiffres
Environ 600 000 tonnes de tomates sont produites chaque année en France.
Mais la consommation dépasse les 900 000 tonnes : nous importons donc massivement (surtout d’Espagne, des Pays-Bas, du Maroc).
La tomate grappe est la plus produite en France, suivie des tomates rondes classiques, puis des variétés anciennes, cerises, cocktails, etc.
Qui sont les grands acteurs ?
Plusieurs coopératives et organisations structurent la filière :
Rougeline – Regroupe des producteurs du Sud-Ouest et du Sud-Est.
Océane – Pays de la Loire.
Cerafel / Prince de Bretagne – Cette AOP (association d’organisation de producteurs) bretonne regroupe plusieurs coopératives majeures dont la SICA Saint-Pol-de-Léon, les Maraîchers d’Armor, Terres de Saint-Malo… Elle représente plus de 1 300 exploitations, actives aussi bien en conventionnel qu’en bio.
Savéol et Solarenn – Coopératives indépendantes basées en Bretagne, très engagées elles aussi dans l’innovation et les pratiques durables.
Une filière engagée vers le "sans résidu de pesticides"
Face aux attentes sociétales, la filière tomate française s'engage activement dans des pratiques plus respectueuses de l'environnement. En Bretagne, Savéol, Solarenn et la SICA Saint-Pol-de-Léon (au sein du Cerafel) se sont associées pour créer une démarche commune autour de la production sans résidu de pesticides, avec une marque dédiée : "Cultivées sans pesticides – 100% nature".
Ces productions s’appuient sur des techniques rigoureuses : lutte biologique intégrée, observation fine des cultures, limitation des traitements chimiques, pilotage précis du climat sous serre.
Quel avenir pour la tomate française ?
Entre attentes des consommateurs (goût, traçabilité, saisonnalité), contraintes énergétiques (coût du chauffage des serres), et concurrence étrangère, la tomate française doit relever plusieurs défis.
Mais elle peut compter sur :
La montée en gamme (variétés anciennes, premium, bio),
L’ancrage territorial de ses producteurs,
L’innovation technologique (serres connectées, LED, intelligence artificielle),
Et une forte attente des Français pour des produits de proximité, durables, bons.
Comments